
Est-ce que tu sais que le « théâtre » peut aider à lutter contre le harcèlement scolaire ? Si oui, c’est peut-être parce que tu as lu le manuel de survie face aux harceleurs et autres brutes de la cour de l’école disponible au CDI, une BD d’Emmanuelle Piquet qui a déployé, en France, la thérapie brève et stratégique de l’École de Palo Alto.
1- Pourquoi peut-elle être plus efficace que le plan de lutte contre le harcèlement scolaire (Phare) portée par l’éducation nationale ?
- Elle ne repose pas sur le principe de « dénonciation ». Le témoin/la victime de harcèlement se tait le plus souvent par crainte des représailles ;
- Elle ne nécessite pas l’intervention des adultes qui ne sont pas toujours en mesure d’accueillir la parole du témoin/de la victime (minimisation – « ce ne sont que des jeux d’enfants » – , un problème de plus à gérer par un personnel épuisé, surchargé et pas toujours armé pour démêler le vrai du faux, qui ne prend que trop peu souvent en compte l’effet de meute…) ;
- L’outil accompagne la victime dans tous les moments de sa vie et dans tous les environnements qu’elle fréquente, et développe ses compétences psychosociales.
2- Pourquoi repose-t-elle sur une méthode qui s’apparente à du théâtre ?
La thérapie consiste à casser la relation dysfonctionnelle entre le harceleur et le harcelé qui s’enferment :
- soit dans une escalade complémentaire (le harceleur domine, la harcelé se soumet)
- soit dans une escalade symétrique (harceleur et harcelé cherchent à prendre le dessus l’un sur l’autre sauf que seul le harceleur est prêt à tout pour gagner dans le rapport de force, le harcelé perd nécessairement la bataille)
Tous les efforts reposent sur le harcelé car il est le seul à souffrir de la situation. Le harceleur éprouve du plaisir dans cette relation toxique qui nourrit son sentiment de toute puissance. Il n’a pas intérêt à ce que les choses changent et ne fera donc aucun effort dans ce sens.
Pour casser le cercle vicieux, le harcelé :
- ne doit pas : se taire et se soumettre (escalade complémentaire), se mettre en colère et insulter (escalade symétrique), dire « STOP » ou « ARRETE » ;
- doit dire « CONTINUE » en utilisant des « flèches » qui ridiculisent « gentiment » le harceleur, juste de quoi le surprendre et le priver du plaisir qu’il éprouve à harceler. Quand « le jouet est cassé », il ne présente plus d’intérêt et on l’abandonne… (mais le harceleur ne s’arrête pas toujours là, il peut ensuite chercher à isoler sa victime… il faut donc construire des relations solides avec des copains/copines fidèles et loyaux = construire un cordon sanitaire)
Les « flèches », ce sont des répliques soigneusement préparées et répétées lors de séances de reconstitution des situations de harcèlement dans lesquelles on identifie souvent des motifs qui se répètent. C’est là que le théâtre entre en scène (c’est le cas de le dire).
Ex. : À A. qui disait à ma fille Y., chaque fois que leurs regards se croisaient, « quand tu me regardes, tu baisses les yeux ! », ma fille a appris à répliquer (« lancer la flèche ») : « Comme c’est dommage, tu es si belle… mais bon, tu n’as que ça pour toi ». Il faut évidemment y mettre le ton (« gentiment » moqueur) et avoir la bonne attitude (des yeux pétillants, un petit sourire un coin, de l’assurance)
Si tu es victime de harcèlement ou si tu connais quelqu’un qui est victime de harcèlement, si tu n’oses pas en parler à un adulte de l’école, alors emprunte le manuel de survie face aux harceleurs disponible au CDI, parles-en avec tes parents et n’hésite pas à contacter les équipes de 180 degrés (https://a180degres.com/).